quinta-feira, 19 de março de 2009

:: la seule réponse saine et satisfaisante au problème de l'existence humaine ::


Alguns trechinhos notáveis deste belo livrito (em francês, que é mais chique!):

“Toute notre culture se fonde sur un appétit d'achat, sur l'idée d'un échange mutuellement profitable. L'homme moderne trouve son bonheur à regarder avec frénésie les vitrines des magasins et à acheter tout ce que ses moyens lui permettent d'acquérir, en argent comptant ou à tempérament. Il (ou elle) regarde les gens de la même façon. (...) Ainsi deux personnes tombent-elles amoureuses lorqu'elles ont le sentiment d'avoir découvert le meilleur objet disponible sur le marché, compte tenu des limitations de leur propre valeur d'échange.” (...) “...malgré un insatiable appétit d'amour, profondément enraciné, presque tout le reste passe pour plus important: le succès, le prestige, l'argent, le pouvoir – nous consacrons la presque totalité de notre énergie à apprendre comment atteindre ces objectifs, et nous n'en réservons quasi pas à apprendre l'art d'aimer.”

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“L'homme est doué de raison; il est vie consciente d'elle-même... Cette conscience de lui-même comme entité séparée, la conscience de la brièveté de sa propre vie, du fait qu'il a été engendré sans sa volonté et qu'il meurt contre sa volonté, qu'il mourra avant ceux qu'il aime, ou eux avant lui, la conscience de sa solitude et de sa séparation, de son impuissance devant les forces de la nature et de la societé, tout ceci fait de son existence séparée, désunie, une prison insupportable. Il sombrerait dans la folie s'il ne pouvait s'évader de cette prison et tendre vers l'avant, s'unir sous une forme ou sous une autre avec les hommes, avec le monde extérieur.” (...) “La conscience de la séparation humaine, sans réunion par l'amour – est source de honte. Elle est en même temps source de culpabilité et d'angoisse. Ainsi doc, le besoin le plus profond de l'homme est de surmonter sa séparation, de fuir la prison de sa solitude. L'échec absolu à atteindre cet objectif signifie la folie...”

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“...l'amour accompli est une union qui implique la préservation de l'integrité, de l'individualité. L'amour est chez l'homme un pouvoir actif; un pouvoir qui démantèle les murs séparant l'homme de ses semblables, qui l'unit à autrui; l'amour lui fait surmonter la sensation d'isolement et de séparation, tout en lui permettant d'être lui-même, de maintenir son integrité. Le paradoxe de l'amour réside en ce que deux êtres deviennent un et cependant restent deux.”

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“...il y a un autre chemin menant à la connaissance du 'secret': c'est l'amour. Il consiste en une pénétration active d'autrui dans laquelle mon désir de connaître s'apaise par l'union. Dans l'acte de fusion je vous connais, je me connais, je connais chacun – et je ne 'connais' rien. Je connais de la seule manière dont il est possible à l'homme de connaître ce qui est vivant – par l'expérience de l'union – non par une connaissance émanant de la pensée.” (...)“La seule manière de connaître totalement réside dans l'acte d'aimer...”

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“...l'amour est un défi constant; il n'est pas un lieu de repos, mais un mouvement, une croissance, un travail réalisé en commun. Qu'il y ait harmonie ou conflit, joie ou tristesse, c'est secondaire par rapport au fait fondamental que deux personnes se rejoignent à partir des profondeurs de leur existence, qu'elles ne font qu'un l'une avec l'autre en ne faisant qu'un avec elles-mêmes, sans fuir leur propre realité. Il n'y a qu'une seule preuve de la présence de l'amour: la profondeur de la relation, la vitalité et la force de chaque partenaire.”


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“...l'amour consiste essentiellement à donner, non à recevoir.” (...) “Le malentendu le plus courant est de croire que donner c'est 'abandonner' quelque chose, se priver de, renoncer. La personne dont le développement caractériel n'a pas dépassé le stade où prévaut la tendance à recevoir, exploiter ou amasser, éprouve le don de cette manière.” (...) “Pour un caractère productif, le don revêt une signification entièrement différente. Il constitue la plus haute expression de puissance. Dans l'acte même de donner, je fais l'épreuve de ma force, de ma richesse, de mon pouvoir. Cette expérience de vitalité et de puissance accrues me remplit de joie. Je m'éprouve comme surabondant, dépensant, vivant, dès lors comme joyeux. Donner est source de plus de joie que recevoir, non parce qu'il s'agit d'une privation, mais parce que dans le don s'exprime ma vitalité.”

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“La plupart des mères sont capables de donner du 'lait', mais rares sont celles qui sont capables aussi de donner du 'miel'. Pour être en mesure de donner du miel, une mère ne doit pas être seulement une 'bonne mère', mais une personne heureuse – objectif qu'il n'est pas fréquent d'atteindre. Il est difficile d'en exagérer l'incidence sur l'enfant. L'amour d'une mère à l'égard de la vie est aussi contagieux que son angoisse.”


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“...l'amour est la seule réponse saine et satisfaisante au problème de l'existence humaine, alors toute société qui contrecarre de développement de l'amour doit à la longue périr de sa propre contradiction avec les exigences fondamentales de la nature humaine...”


[erich fromm. "l'art de aimer"]